31/10/2014

Salon Suisse des Goûts et Terroirs


Chaque année fin octobre à Bulle, rebaptisée depuis Cité des Goûts et Terroirs, se tient un salon gourmand qui met à l'honneur les produits des terroirs suisses. Je n'y avais pas mis les pieds depuis des années, j'ai eu le plaisir d'y retourner mercredi. Si vous souhaitez vous y rendre (il dure jusqu'à dimanche), c'est à une dizaine de minutes à pied de la gare de Bulle, tout est très bien indiqué. Il vous en coûtera CHF 13.- par adulte ou CHF 30.- pour une famille avec deux adultes et leur(s) enfant(s). Sachez toutefois qu'il y a toujours beaucoup beaucoup beaucoup de monde le week-end, il vaut donc mieux vous préparer un peu à l'avance pour ne pas rater les stands que vous voudriez absolument voir sous peine de renoncer à retourner en arrière au milieu de la foule.


Les 176 stands du salon sont divisés en zones, par canton ou thématique, je vous conseille de commencer par la gauche en entrant, vous allez traverser le Valais (en évitant la zone où il n'y a que des caves, allez plutôt à une journée cave ouverte), puis l'espace AOP IGP, puis le Jura, Neuchâtel et Vaud. Passez ensuite, dans l'espace central qui accueil le Liban et le Canton d'Appenzell comme hôtes exceptionnels, puis les espaces "Arène Gourmande" et "Swiss Bakery Trophy" qui ne m'ont pas passionnée. Revenez par le couloir tessinois, puis Fribourg et terminez par les Saveurs d'Ailleurs qui se poursuivent au 1er étage. Au milieu de chaque zone vous trouverez diverses "pintes" qui servent des plats sur assiettes, j'avoue préférer faire des dégustations aux stands et leur acheter des produits que de regarder les gens passer en étant assise à table, mais certaines pintes ont des menus alléchants. En plus des très (trop !) nombreuses caves, il y a quelques stands de brasseries artisanales où vous pourrez faire une pause bien méritée.

Derniers conseils pratiques :
  • Prévoyez du cash avant d'entrer peu de stands offrent la possibilité de payer par carte (il y a un distributeur juste à l'entrée, à côté des caisses).
  • Portez des chaussures confortables et un sac à dos, vous allez piétiner et vous aurez besoin de vos mains pour tester des trucs.
  • N'hésitez pas à poser des questions aux artisans, ils seront plus que ravis de vous répondre, ils sont là pour ça et c'est l'occasion rêvée, n'hésitez pas non plus à embarquer les cartes de visites ou autres flyers aux stands qui vous intéressent afin de pouvoir retrouver les artisans et produits qui vous ont séduit.

Passons à mes coups de cœur du jour, dans le sens de la visite, vaguement marquée par un trait bleu sur la carte ci-dessus (on fait ce qu'on peut, je n'ai pas trouvé de plan interactif en ligne, ni de liste d'exposant par numéro de stand et non liste alphabétique, sans compter qu'aucun parcours logique n'est prévu, c'est un joyeux bordel, pour être polie, d'où mes conseils...).




Valais

Malheureusement, à part des caves, rien de bien passionnant, le seul fromage à raclette que j'ai vu est au stand AOC, quelques étalages de charcuteries impressionnants, quelques pains de seigle, mais c'est tout, dommage, il y a tellement de produits valaisans passionnants !




AOP - IGP

C'est délicieux de voir tous ces produits protégés qui ont une identité forte et qui sont souvent sublimes. J'y ai vu mon premier Vacherin Fribourgeois AOC (072) cerclé par exemple (absolument délicieux). Seul souci, les personnes derrière les stands ne sont pas toutes des producteurs, à mes questions sur le type de bois qui cercle, je n'ai pas trouvé de réponse (probablement de l'épicéa comme pour le Vacherin Mont d'Or ? Si quelqu'un a la réponse, je suis prenseuse !). C'est le cas d'ailleurs pour plusieurs grands stands dans tous les salons, les "vendeurs" ne sont pas les producteurs et manquent d'informations, dommage pour un salon du goût où il est fort probable d'avoir à faire à des clients pénibles pointus. Je vous recommande par contre une halte au stand des poires à botzi où ils sont très informés, si vous ne connaissez pas ce fruit, son histoire est intéressante.




Jura - Neuchâtel - Genève

Concentré dans un petit espace convivial, le Jura est bien présent. On y retrouve la fameuse Brasserie des Trois Dames (052) qu'on ne présente plus (qui est vaudoise). De nombreux autres petits stands sympathiques à découvrir, pareil pour Neuchâtel qui se distingue par un grand nombre de petits stands très divers (le saucisson Neuchâtelois est un de mes préférés). Genève est dans les mêmes parages, c'est un peu compliqué à retrouver qui est qui et qui vient d'où, mais c'est un coin très sympathique, rempli de petits artisans plutôt que de grands stands tenus par des collectifs.
C'est ici, malheureusement, que j'ai gravement fauté, je n'ai pas pris la carte du Grâce à Alessandra Roversi, j'ai retrouvé le nom du boucher qui propose du Pâté Richelieu (au foie gras donc) qui mérite à lui seul le voyage au Salon ! C'est André Vidonne de la merveilleuse Boucherie du Palais (qui n'est malheureusement pas listé parmi les exposants, quel dommage). Passez lui faire un bec de ma part, et dévaliser son stand qui propose de nombreuses spécialités, en particulier des pâtés en croûte et de la longeolle en croûte.




Vaud

Le pays de Vaud est présent en force, c'est le canton qui a le plus de stands et d'espace (à part Fribourg, patrie du salon). Quand on sait que c'est le canton qui bénéficie du plus grande nombre d'AOP (3) et d'IGP (2) du pays, qu'il dénombre pas moins de 700 spécialités et de 250 producteurs (074, 076), on comprend qu'il a les moyens de s'étendre et d'ouvrir des stands, les produits présentés par les associations de producteurs vaudois, vous les retrouvez pratiquement tous à la Halle Romande ou à la Ferme Vaudoise.
Mais il y a aussi des stands de petits producteurs, comme celui de Crème Renversante (036), laissez-vous tenter par un caramel et plus si affinité (je vous en avais déjà parlé à propos de leurs sublimes chocolats érotiques en vente chez HumuS, le reste de leur gamme est vendue par Laurène).
Le stand du mythique Moulin Huilerie de Sévery (084) vaut le détour, vous aurez l'occasion de goûter TOUTES leurs huiles, vinaigres et moutardes. Leur gamme est extraordinaire. Ce qui m'impressionne le plus c'est que malgré le très grand nombre de produits, on sent que chacun a sa place, que chacun a été rigoureusement réfléchi et conceptualisé. Si j'avais la place chez moi j'aurais toutes leurs huiles et vinaigres. A ne rater sous aucun prétexte !
Presque en face, le Jardin des Monts (081), fabuleuse herboristerie (dont vous trouvez aussi les produits Chez Laurène, décidément, elle a le nez fin pour choisir ses artisans !).
Un dernier mot sur La Brebisane (074), je les ai rencontrés cet été au Pique-Nique du 1er août organisé par Lausanne à Table (d'où est issue la photo) où ils présentaient des glaces magnifiques au lait de brebis, à découvrir également !




Centre

Il est temps de faire un détour par le centre du salon où se trouve l'Arène Gourmande (143) (où se déroulent des cours de cuisine en public), le Swiss Bakery Trophy (140) (où vous pouvez découvrir les très nombreuses spécialités boulangères suisses) et les hôtes d'honneur du salon. Cette année les Cantons d'Appenzell (139) et le Liban (142). J'avoue être très déçue par cette partie du salon, j'ai tenté de suivre un cours de cuisine, mais je suis très mal tombée, la recette était intéressante (risotto au poireau et saucisson fribourgeois fumé et tuile au gruyère AOC), mais le cuisinier présent, bien que charmant et très à son affaire était malmené par un présentateur ultra-bavard qui n'y connaissait visiblement RIEN en cuisine ("vous mettez le riz cru ?"... euh, ben oui, pour un risotto il vaut mieux ^^), le moment était plus gênant qu'instructif, dommage. Le Swiss Bakery Trophy est accompagné d'un autre présentateur bruyant qui répète le nom des sponsors à longueur de journée, pas tout à fait passionnant, malgré l'impressionnant exposition de spécialités suisses alignées et les apprentis qui passent dans tout l'espace pour faire déguster ces spéclialités qu'ils viennent de confectionner. Pour le Liban et Appenzell, je n'ai eu qu'une impression : vide. Alors que j'adore la gastronomie du Liban, et que je me réjouissais de découvrir ce qu'Appenzell avait comme autres spécialités que son fameux fromage et son alcool, je n'ai rien appris de bien nouveau. Mais je suis pénible exigeante et peut-être que je n'y étais pas le bon jour ou que je n'ai pas été assez patiente à fouiller ou à attendre les démonstrations.
Dans le même espace, j'ai par contre été très intéressée par les produits des parcs naturels suisses, les personnes du stand sont très bien informées, il y a beaucoup de documentation disponible sur de nombreux sujets, je vous recommande d'y passer !


Tessin

Malheureusement, moi qui suis fascinée par certains produits tessinois, rien ne m'a passionnée ici, mais je suis peut-être passée trop vite. Par contre, leur "pinte" (Grotto Ticinese 098) m'a parue la plus avenante, si je m'étais arrêtée quelque part pour manger, ça aurait été ici !




Fribourg

On entre ensuite (stands 103 à 117) sur mon terroir d'enfance, mon terrain de jeu, où je suis la plus pénible... et où j'ai le plus de coups de cœur. D'abord, se reposer en dégustant une bière de la Brasserie du Chauve (107) ou une Fri-Mousse (110), avec une préférence pour ces dernières. Ensuite, s'acheter au minimum une cuchaule et des bricelets (le seul biscuit au monde dont la pâte est faite avec de la double crème de gruyère et du vin blanc, pourquoi quiconque a-t-il inventé d'autres biscuits, je n'en sais rien). 
Mes chouchous du coin sont la Boucherie Blanc (106), installée à Châtel-St-Denis et à Blonay le reste de l'année, ils vous proposent ici un jambon à l'os fini sur le salon (un des meilleur que j'ai jamais mangé), du saucisson en croûte, des saucissons secs dont un extraordinaire à l'ortie (si, si, à l'ortie, une tuerie) et plein d'autres spécialités mirobolantes.
Et il y a la fameuse Cécile Menoud, dont je vous avais parlé l'année dernière à propos de la bénichon. Cette fois, ça y est, elle s'est lancée et a commencé à produire ces propres chocolats sous le nom Cécile Choco Création (108). Je l'avais déjà croisée au marché de la Bénichon fin septembre (d'où sont issues les photos ci-dessous), où elle avait inventé pour l'occasion une boîte "terroir", avec 5 chocolats : à la poire à botzi (confite maison et en liqueur), à la meringue, au vin cuit, au croquet à l'anis et à la moutarde de bénichon, mon préféré. Elle propose aussi des plaques et d'autres créations magnifiques, je lui souhaite un énorme succès, elle le mérite et son enthousiasme me séduit un peu plus à chaque rencontre ! Ses produits sont en vente sur son site (il suffit de lui envoyer un mail, c'est tout récent) ou Chez Blanc à Matran.
On reste dans le sucre avec Les Biscuits de Séverine (112). J'ai adoré rencontrer en vrai Séverine & Luca dont j'avais déjà eu l'occasion de goûter les produits à la Halle Romande. J'ai craqué pour leur pâtes de fruits sublimes, leur attention aux petits détails et leur gentillesse. On a immédiatement envie de devenir leur meilleure amie (pas que pour recevoir des pâtes de fruits).




Saveurs d'Ailleurs

Cette section fourre-tout et n'importe quoi est difficile à découvrir. Mais il y a quelques perles qui méritent que l'on s'y attarde. Attention, la section continue au premier étage !
Un coup de chapeau au charmant producteur de Chez Denis qui a décidé de ne montrer que ce qu'il préfère. J'ai craqué pour sa terrine truite-chanterelle et son foie gras à l'armagnac (que j'ai immédiatement fait tester à mon Gascon qui est intraitable sur le sujet et qui m'a dit "il est vraiment pas mal", ce qui en langage courant veut dire "ah ouais quand même, la vache, les Suisses savent faire du foie gras".) Vous le retrouvez tous les mercredis et les samedis au marché de la Riponne m'a-t-il dit, je m'en réjouis, allez le rencontrer, il est passionnant quand il parle de ses produits !
En passant dans le coin avant de monter l'escalier, les Fribourgeois reconnaîtront les fameuses Glaces Equey qui me rappellent immanquablement mon enfance. Au premier étage, vous trouvez toutes sortes de producteurs, encore une fois ce n'est pas très cohérent, mais ça vaut le détour, il y a un producteur de vinaigre balsamique, de l’ail rose de Lautrec, Olivier Herbaumel, sculpteur sur fruits et légumes et autres joyeusetés (dont un bar tout à fait canaille qui passe les Cowboys Fringuants, allez comprendre). Il y a aussi moins de monde, ce qui est appréciable.


Butin du jour, de haut en bas, de gauche à droite :
Vacherin Fribourgeois d'Alpage AOC, Vacherin Fribourgeois Robuste cerclé AOC - bricelets et cuchaule - moutarde au citron et au poivre de Sichaun, huile de pistache et vinaigre de framboise du Moulin de Sévery - Pâté Richelieu - Ail rose de Lautrec - terrine de truite au chanterelles et foie gras à l'armagnac de Chez Denis - saucisson fumé fribourgeois et jambon à la borne de la Boucherie Blanc.


Au final j'ai ramené de très belles choses, rencontré des producteurs passionnés et fait le plein de bonnes adresses et d'idées à creuser. Si j'ai raté des stands passionnants, dit des bêtises à propos d'un exposant ou oublié de préciser quelque chose, n'hésitez pas à m'en faire part, les futurs visiteurs apprécieront !

6 commentaires:

  1. Sans vouloir être pointilleuse, la Brasserie des Trois-Dames c'est à Sainte-Croix: dans la chaîne du Jura certes, mais canton de Vaud et non Jura! :)

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    1. Chère Anonyme,

      Merci pour ce commentaire, je sais bien que Sainte-Croix est dans le canton de Vaud, mon père y habite, mais apparemment il faudrait en informer les organisateurs du salon...

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    2. Loin de moi l'idée de mettre en cause vos connaissances géographiques, j'ai simplement trouvé dommage de parler d'une brasserie qui n'est pas jurassienne en tant qu'unique exemple des représentants de cette région.
      Et sachant le nombre de romands pour qui le Jura est équivalent à la vallée de Joux...pas sûre que la précision soit inutile! :)

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  2. LE salon à ne pas manquer, LE rendez-vous des gourmands. Nous connaissions déjà certains exposants, pour les avoir rencontrés au Comptoir suisse, au Marché des vignerons ou ailleurs. Nous avons néanmoins fait de belles découvertes, même si nous avons manqué plein de bonnes choses (j'ai vu de la terrine de fera sur une de tes photos...). J'y retournerai certainement l'année prochaine, idéalement en semaine pour éviter la foule du samedi.

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  3. Bonjour!
    Tout d'abord, merci pour votre (on se tutoie?) commentaire, ça m'a fait plaisir de te (bon... on se tutoie, ça règlera la question) recevoir (déjà rien que pour la réaction "Oh! On me reconnait!") et me réjouis qu'on puisse à nouveau discuter.

    Passons, je voulais surtout répondre à la question concernant le bois autour du vacherin fribourgeois. Il s'agit effectivement d'épicéa, et cela pour des raisons très simples :

    -On en trouve beaucoup dans nos forêts
    -Pour cercler (ou sangler) les fromages on utilise que l'écorce et non le bois. L'épicéa est un le seul arbre dont l'on peut prélever des bandes d'écorce nécessaires au sanglage du fromage.
    -L'écorce d'épicéa est très souple une fois humide et très rigide une fois sèche

    Voilà j'espère avoir pur répondre à la question!

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