20/09/2011

La piel que habito


La piel que habito (Pedro Almodovar, Espagne, 2011)

Pedro querido, je suis navrée d'avance pour ce que je vais écrire mais je suis affligée par ton dernier film. Oui, affligée, carrément. Je passe sur l'absurdité totale du côté médical de ton scénario, mais même les motivations de tes personnages, toi qui savais si bien les exprimer auparavant, sont incompréhensibles. Et du coup, forcément, tes acteurs en font pathétiquement trop à chaque instant, probablement pour combler le vide total de cette histoire.

Et malheureusement, il n'y a pas que du fond, même dans la forme : tu oses passer aux "6 ans plus tôt" puis "quelques semaines plus tard", puis "retour au présent" en étant obligé de le notifier, en rouge et en grand pendant plusieurs secondes à chaque fois, c'est juste que ton monteur n'était pas capable de faire un job correct pour monter ces sauts temporels ? Change de monteur dans ces cas-là, mais ne nous inflige pas des évidences pareilles l'une à la suite de l'autre ! Mandieu que c'était pénible. Et encore, je pourrais raconter la scène de poursuite la plus nulle de toute l'histoire du cinéma, la scène d'orgie en extérieure digne d'un téléfilm interdit au moins de 16 ans sur RTL9, le costume de tigre complètement grotesque et inutile, le happy end le plus nul et improbable, etc, etc, etc.



Et l'auto-citation constante, c'était vraiment obligé ? Tu fais du Almodovar dans l'Almodovar, va falloir dégonfler ce melon, chaton (excuse-moi, j'appelle tout le monde chaton). Et ces décors grandiloquents à multiples citations artistiques pour nous montrer à quel point tu es cultivé... ça ne va pas DU TOUT, il faut te reprendre. Où est le réalisateur au rythme trépident et aux scénarios alambiqués qui tiennent debout ? Où est l'humour dans les décors et accessoires ? Où est passé ton sens extraordinaire de la direction d'acteur ?

Bref, c'est trop long et mal rythmé, l'intrigue est absurde et se résume à une longue explication et j'ai juste eu envie, en sortant de la salle de crier à tous les spectateurs qui entraient pour la séance suivante {ATTENTION SPOILER} : "C'EST UN HOMME", pour leur épargner la peine que j'ai ressentie à perdre un de ces réalisateurs pour lesquels je me déplace de manière systématique en salle. Adios Pedro, tu vas me manquer, mais apparemment, tu n'es plus.


PS : Je rassure mes autres lecteurs que toi, no mas querido Pedro, demain je parle d'un film que j'ai beaucoup aimé et j'arrête de me prendre pour une grande critique dont les avis seraient lus...


EDIT : J'oubliais de soulever un problème majeur... comment NE PAS souligner l'homosexualité refoulée du bourreau, comment TOI peux-tu passer à côté ou plutôt comment as-tu peu décider de lne pas le traiter ??? Et paf, tout d'un coup, c'est en allant chercher le lubrifiant pour passer "por atras" (je cite, hum) que hop elle/il va chercher le flingue, non mais franchement... LA-MEN-TABLE. Et hop, paf, paf, paf, le mec amoureux d'une lesbienne est devenu une femme donc il/elle va finir avec celle qui l'aimait depuis le début... FRANCHEMENT ?

11 commentaires:

  1. Encore une fois, je comprends bien ton regard mais je ne te rejoins pas sur ce coup-là, ça va devenir une habitude ;-)
    Les personnages à la psychologie un peu opaque et les "panneaux indicateurs temporels" sont pour moi des références au film noir à l'ancienne (j'ai trouvé l'atmosphère assez hitchcockienne, les attractions-répulsions froides me rappelant les héroïnes d'Alfred). Je me suis laissé prendre par l'histoire, sa violence a fait mouche même quand elle est grandiloquente, je n'ai pas trouvé le décor pédant, juste beau... et puis j'ai aimé la musique aussi.
    Je crois que je l'ai déjà écrit ici : je vais au cinéma sans analyser, je suis de manière évidente une éponge à atmosphère (ou pas) et celle-là m'a plutôt bien imbibée, en fait.
    Donc, en gros, je n'ai aucun argument, quoi (mais j'assume) :-D

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  2. @ Nekko : je comprends qu'on puisse se laisser prendre, malheureusement je n'y ai pas cru une seconde, du coup tout m'a paru froid et vide. Alors que j'aime justement les explosions almovodariennes, d'où ma déception.

    Et j'étais TELLEMENT déçue pour le décor, parce que les idées de références picturales me paraissaient intéressantes au départ, quand on les devine pour la première fois, mais la LOURDE insistance de Pedro-no-mas-querido sur les tableaux, les livres d'art, etc. etc. etc. a fini par occulter tout ça.

    Brefle, rupture consommée.

    Pour la musique, je dois avouer que je ne me souviens même pas... *shame on me*

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  3. Je ne suis pas super fan au départ, moi, c'est aussi peut être pour ça : moins d'attentes et de références ?
    Mais quoiqu'il en soit, c'est toujours très désagréable d'être déçue quand on est accro, je comprends ta colère (#hug).
    (pour la musique, un bout traîne chez moi quelque part)

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  4. Eh bien moi,j'ai beaucoup aimé!!!
    Continue comme ça,Pedro,t'es un bon!

    Anneso

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  5. Moi non plus je n'analyse pas le montage,le cadrage,les fondus enchaînés,la technique du chef op etc...je regarde,j'apprécie,ou pas...

    ANNESO

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  6. Moi aussi j'apprécie ou pas... mais en l'occurrence je tente de savoir pourquoi...

    Et tant mieux pour toi si tu as apprécié :-)

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  7. Hey, moi j'te rejoins Funambuline. J'ai trouvé raté. Il y a effectivement je pense un essai de "vintage" et de rapprochement au film noir et autres. Mais les références (décor, image/cadrage, jeu d'acteur, narration, même) ne sont pas maîtrisées, ou peut-être pas suffisamment exploitées. Et finalement, hé oui, on s'emmerde un peu. Tant pis.

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  8. Navré, j'ai vachement marché même si je trouve le film très froid (par rapport à ce que fait souvent notre ami Pedro) et très peu charnel (pour un film qui parle de chair, c'est dommage).

    C'est très en dessous de "Tout sur ma mère" qui est mon film préféré d'Almodovar à tel point que je veux pas le revoir de peur d'être déçu mais mieux que "Volver" ou "Étreintes brisées" pour moi.

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    1. Je reste accro aux "vieux" Almo : Kika, Attame, ...

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  9. J'ai vu assez peu de vieux Almodovar et j'ai un souvenir "bien mais pas au point de les revoir" de "Talons aiguilles" ou "Femmes au bord de la crise de nerfs". Je crains que sa première époque soit un peu trop exubérante pour moi. En revanche dans "Tout sur ma mère", c'est plus touchant tout en restant assez baroque et je marche à fond.

    Je considère tout de même que c'est un grand metteur en scène : il raconte des histoires souvent compliquées de manière limpide et je pense que ce n'est pas évident à faire.

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